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Ténors de l’UMP : « combien de divisions » sur Twitter ? [Etude]

La perspective d’une élection à la tête de l’UMP, prévue pour l’automne 2014, nourrit un climat de pré-campagne dans les rangs du premier parti de droite républicaine. Cette élection sera par ailleurs cruciale dans la perspective de la préparation de l’élection présidentielle de 2017, dont on est à peu près sûr aujourd’hui qu’elle donnera lieu à des primaires à l’UMP. Pour ces deux échéances, l’utilisation des réseaux sociaux, et particulièrement de Twitter, devrait jouer un rôle certain. Ozil Conseil s’est demandé quelles étaient les forces en présence sur Twitter en ce milieu d’année 2014.

Face à Winston Churchill qui lui demandait de respecter les libertés religieuses dans l’Europe centrale occupée par l’Armée rouge, Staline aurait répondu : « Le Pape, combien de divisions ? » Or, s’ils permettent une communication à la fois directe et interactive entre les personnalités politiques et les citoyens, les réseaux sociaux accordent également une résonance réelle aux propos de ceux qui savent les utiliser. Il devient donc légitime de s’intéresser à la façon dont en usent les prétendants aux plus hautes fonctions de l’Etat. C’est le but de cette étude.

Méthodologie de l’étude

Nous avons sélectionné 13 personnalités politiques susceptibles de jouer un rôle de premier plan lors des échéances à venir au sein de l’UMP. Ces personnalités sont (par ordre alphabétique) François Baroin, Xavier Bertrand, Jean-François Copé, Christian Estrosi, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Hervé Mariton, Guillaume Peltier, Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin, et Laurent Wauquiez.

Pour chacune d’entre elles, nous avons mené le 17 juin 2014 une recherche sur Twitter pour y répertorier le nombre d’abonnés (followers), le nombre de tweets et la configuration du profil.

Nous avons ensuite ordonné les résultats obtenus dans des tableaux en leur appliquant le barème suivant :

Il ne nous restait plus alors qu’à vous livrer le classement des ténors de l’UMP sur Twitter, représentatif à nos yeux à la fois de la popularité des personnalités concernées, mais aussi de la place que tient Twitter dans leur communication personnelle. Ce classement est disponible ci-dessous, par ordre décroissant de points obtenus.

Nous restons bien entendu ouverts aux remarques et corrections.

Le Classement : résultats

Sans grande surprise, Nicolas Sarkozy arrive en tête de notre classement. Viennent ensuite Nathalie Kosciusko-Morizet, seule femme de ce classement, dont la campagne en vue des dernières municipales à Paris semble avoir mobilisé sur Twitter, puis Jean-François Copé, récent ex-président de l’UMP.

En queue de classement nous trouvons Xavier Bertrand, un peu en retrait sur la scène médiatique ces derniers temps, François Baroin, peu mobilisé sur Twitter malgré une vraie popularité, et Hervé Mariton, moins connu du grand public, y compris sur Twitter.

Le Classement détaillé

1. Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy a récemment mis à jour un profil Twitter qui est resté très, très longtemps aux couleurs de sa campagne perdue de 2012. Si ce compte n’est encore actif qu’irrégulièrement, il peut toujours compter sur un nombre conséquent de followers (plus d’un demi million). L’absence d’en-tête personnalisé laisse encore dubitatif : faut-il y voir le symbole du vide médiatique relatif qu’il met en scène quotidiennement, ou plutôt la page blanche d’un nouveau destin présidentiel toujours à écrire ?

2. Nathalie Kosciusko-Morizet

Seule femme de ce classement, NKM y fait la preuve d’une maîtrise avancée de Twitter. Son profil la met ainsi en scène sous un jour souriant, sans pour autant oublier via l’en-tête de la représenter sur l’estrade, avec à ses pieds l’ensemble des responsables de l’UMP. Elle a également su capitaliser sa notoriété acquise lors de la campagne municipale de mars 2014, avec près de 280 000 followers, c’est à dire plus de deux fois plus que le compte Twitter de l’UMP, par exemple.

3. Jean-François Copé

Jean-François Copé attaque ce que d’aucuns nomment une « traversée du désert » avec des provisions conséquentes de followers : 178 000 personnes le suivent en effet sur Twitter. Pour lui, en revanche, pas d’en-tête personnalisé.

4. François Fillon

L’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy et actuel membre du trio dirigeant à l’UMP joue également la carte de la sobriété sur Twitter en négligeant d’y mettre en avant un visuel personnalisé. Point de biographie non plus  : tout le monde est censé savoir qui il est, et les autres n’auront qu’à aller sur Wikipédia, ou mieux, sur son site personnel. Il est suivi par 121 000 followers.

5. Laurent Wauquiez

L’auvergnat Laurent Wauquiez joue la carte locale via son en-tête. Bien qu’inscrit tôt (en 2009) sur Twitter, il ne l’utilise qu’au compte-goutte, et néglige également de se présenter à ses visiteurs. Il totalise par contre plus de followers que François Fillon.

6. Alain Juppé

Si le maire de Bordeaux fut l’un des premiers de sa génération à lancer son blog politique, il arriva un peu plus tard que la plupart d’entre eux sur Twitter. On sent toutefois dans la manière d’utiliser par exemple la photo de profil pour la mettre au service d’une cause universelle une maîtrise intuitive ou travaillée des enjeux.

7. Christian Estrosi

Christian Estrosi fait preuve également d’une bonne connaissance de l’outil Twitter pour communiquer. Sa place dans ce classement est essentiellement due à une notoriété peut être plus en construction que d’autres auprès du grand public. A noter également l’utilisation de la carte locale en tête du profil (vue plongeante sur Nice).

8. Bruno Le Maire

Bruno Le Maire est un récent converti, mais un ardent pratiquant, comme le montraient ses tweets enflammés lors des matches de l’équipe de France à la Coupe du Monde 2014. Si son intérêt pour Twitter se confirme, il  aura certainement gagné de nombreuses places lors des éditions suivantes de ce classement.

9. Dominique de Villepin

Dominique de Villepin est un utilisateur opportuniste de Twitter : il n’a plus utilisé son compte depuis 2012. Il a cependant gardé grâce à sa notoriété ses 55 700 followers.

10. Guillaume Peltier

Le chef de file de la Droite forte a une utilisation régulière de Twitter, mais a un petit déficit de notoriété (10 fois moins de followers que NKM par exemple). La place qu’il prendra lors des prochaines échéances pourra changer la donne de ce côté-là.

11. Xavier Bertrand

Malgré sa stature nationale et une bonne notoriété (39 200 followers), Xavier Bertrand n’utilise Twitter qu’avec retenue. C’est ce qui lui vaut, en plus d’une réserve médiatique certaine ces derniers mois, une place aussi lointaine dans notre classement.

12. François Baroin

S’il bénéficie d’une certaine notoriété, y compris sur Twitter avec plus de 50 000 followers, François Baroin est sans doute le moins prolixe sur Twitter des personnalités concernées par notre étude : 270 tweets depuis fin 2009.

13. Hervé Mariton

Bon dernier de notre classement, Hervé Mariton cumule une utilisation modeste de Twitter (moins de 1 000 tweets), un nombre de followers relativement bas en comparaison avec les autres personnalités de l’étude (10 200 followers) et une personnalisation du profil réduite à la portion congrue.

Conclusion

A l’exception de Nicolas Sarkozy, dont la notoriété lui garantit une place unique sur Twitter, les autres personnalités politiques de l’étude qui y obtiennent de bons résultats le doivent en partie à leurs acquis en terme de notoriété médiatique, mais également à leur façon d’utiliser Twitter. Le présent classement est donc voué à évoluer beaucoup d’ici à l’échéance cruciale de 2017 : certains, aujourd’hui plutôt bien lotis grâce à leur seule notoriété, passeront au second plan derrière d’autres plus impliqués sur Twitter, et donc rapidement plus intéressants à suivre.

Car ce classement reflète pour certains un effet d’aubaine lié à Twitter : les personnalités politiques ou leur entourage savent que Twitter est un réseau social « qui peut faire passer des messages », donc ils s’y inscrivent, en pensant que leur présence passive suffira à leur garantir une visibilité. Or il n’en est rien : Twitter n’est pas une agence de presse privée, mais bien un outil complexe et subtil où chaque rouage de personnalisation (la biographie, le visuel d’en-tête, la ligne éditoriale, les choix d’abonnements, etc.) donne de son utilisateur une image orientée.

N’en doutons pas : le prochain président de l’UMP, plus encore s’il veut garder ses chances pour 2017, devra être familier avec ces enjeux – ou au moins s’entourer de personnes qui le sont – sous peine de multiplier les faux pas dévastateurs pour son aura en construction. Il sera donc particulièrement intéressant d’étudier, au cours des mois à venir, l’évolution des profils présentés lors de cette étude.

Etude réalisée par Stéphane Ozil (@stephane_ozil) et Elisabeth Bourguet (@e_bourguet).

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